• Tandis qu'à leurs oeuvres perverses
                                                              Les
    hommes courent haletants,
                                                               Mars
    qui rit, malgré les averses,
                                                              Prépare
    en secret le printemps.


    Pour les petites pâquerettes, Sournoisement lorsque tout dort,
    Il
    repasse des collerettes
    Et
    cisèle des boutons d'or.

    Dans le verger et dans la vigne,
                                                                     Il
    s'en va, furtif perruquier,
                                                                    Avec
    une houppe de cygne,
                                                                     Poudrer
    à frimas l'amandier.

    La
    nature au lit se repose ;

    Lui descend au jardin désert,
    Et
    lace les boutons de rose
    Dans
    leur corset de velours vert.

    Tout
    en composant des solfèges,
                                                                     Qu
    'aux merles il siffle à mi-voix,
                                                                     Il
    sème aux prés les perce-neiges
                                                                     Et
    les violettes aux bois.

    Sur le cresson de la fontaine 

    le cerf boit, l'oreille au guet,
    De
    sa main cachée il égrène
    Les
    grelots d'argent du muguet.

    Sous
    l'herbe, pour que tu la cueilles,
                                                                   Il
    met la fraise au teint vermeil,
                                                                   Et
    te tresse un chapeau de feuilles
                                                                   Pour
    te garantir du soleil.

    Puis
    , lorsque sa besogne est faite,

    Et que son règne va finir,
    Au
    seuil d'avril tournant la tête,
    Il
    dit : Printemps, tu peux venir !

     


    Théophile Gautier


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  • alors je renoue avec une petite tradition:un poème ou une chanson pour célébrer le début de mois.

     

     



    Il tombe encore des grêlons,
    Mais on sait bien que c'est pour rire.
    Quand les nuages se déchirent,
    Le ciel écume de rayons.

    Le vent caresse les bourgeons
    Si longuement qu'il les fait luire.
    Il tombe encore des grêlons,
    Mais on sait bien que c'est pour rire.

    Les fauvettes et les pinsons
    Ont tant de choses à se dire
    Que dans les jardins en délire
    On oublie les premiers bourdons.

    Il tombe encore des grêlons...


    Maurice Carême


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  • Comme souvent en debut de mois je cherche un poeme pour illustrer ..Pas si facile que ça mais en farfouillant je suis arrrivée sur un joli  BLOG comme je les aime ....et là j'ai trouvé...

     

     

    Janvier

     


    Songes-tu parfois, bien-aimée,

    Assise près du foyer clair,

    Lorsque sous la porte fermée

    Gémit la bise de l'hiver,

     

     

    Qu'après cette automne clémente,

    Les oiseaux, cher peuple étourdi,

    Trop tard, par un jour de tourmente,

    Ont pris leur envol vers le midi;

     

     

    Que leurs ailes, blanches de givre,

    Sont lasses d'avoir voyagé;

    Que sur le long chemin à suivre Il a neigé, neigé, neigé;

     

    Et que, perdus dans la rafale,

    Ils sont là, transis et sans voix,

    Eux dont la chanson triomphale

    Charmait nos courses dans les bois?

     

     

    Hélas! comme il faut qu'il en meure

    De ces émigrés grelottants!

    Y songes-tu?

    Moi, je les pleure,

    Nos chanteurs du dernier printemps.

     

     

    Tu parles, ce soir où tu m'aimes,

    Des oiseaux du prochain Avril;

    Mais ce ne sont plus les mêmes,

    Et ton amour attendra-t-il?

     

    François Coppée


    Confidence :
     

    J'accueille un 3ème petit


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  •  

    Il a neigé



     Il a neigé dans l'aube rose

    Si doucement neigé

    Que le chaton noir croit rêver.

    C'est à peine s'il ose

    Marcher.


    Il a neigé dans l'aube rose ,

    Si doucement neigé

    Que les choses

    Semblent avoir changé.


    Et le chaton noir n'ose

    S'aventurer dans le verger ,

    Se sentant soudain étranger

    A cette blancheur où se posent ,

    Comme pour le narguer,

    Des moineaux effrontés.

     

     

    Maurice Carême

     


    Je sais....Ce ne sont pas des moineaux....


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  • (photo prise depuis chez moi)

     

     

    On s'éveille
    du coton dans les oreilles
    une petite angoisse douce
    autour du cœur, comme mousse
    c'est la neige,
    l'hiver blanc
    sur ses semelles de liège
    qui nous a surpris, dormant.

     

    Guy-Charles Cros


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