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**Mortelles voyelles** de Gilles SCHLESSER
Oxymor Baulay "L'oxymore,c'est quand on place côte côte deux mots opposés:une obscure clarté , un silence éloquent.Et je m'appelle Baulay.Beau laid,tu comprends? " journaliste,veut faire un papier sur le monde des SDF et pour cela s'immerge totalement dans ce monde inconnu pendant une douzaine de jours.
Et c'est ainsi qu'il fait la connaissance de Vaïda qui a trouvé dans une valise cabossée un manuscrit au titre évocateur pour qui aime la poésie A noir.
Aussitôt son instinct lui dicte qu'il tient là quelque chose d'important et il échange ce texte contre une cartouche de cigarettes.
Plongé dans sa lecture, il s'aperçoit que la qualité littéraire est indéniable, le verbe être n'est jamais utilisé et la voyelle Y absente et remplacée par des I. Mais ce récit relate 5 meurtres.Après une petite recherche il s'avère que ces meurtres ont réellement eu lieu 30 ans auparavant tous signés par un certain Hamlet et jamais élucidés.Du fait de ces contraintes littéraires il fait appel aux OULIPIENS ,le père fondateur est Raymond Queneau, pour obtenir leur aide .Un régal de voir que la littérature peut avoir avoir un lien avec les mathématiques (et pourtant je n'en suis pas fan) ,apprendre que la lettre Y en bas latin signifiait 150 (élément tres important dans le manuscrit et qui apportera la solution)
Sa curiosité éveillée il demande l'aide également de l'ancien commissaire de police qui ,à l'époque,n'a jamais pu mettre la main sur ce tueur de jeunes femmes .
Entre temps il présente le manuscrit à un ami éditeur qui voit là le coup médiatique du siècle :il en fait la publication et comme il faut bien un auteur ce sera Nemo Nay...(Anonyme,quoi!)
En lisant ce livre je me suis régalée : Un polar puisque meurtres il y a eu (et il y aura..) mais sans jamais tomber dans le gore (il n'y a d'ailleurs pas de scènes de crimes) mais un polar littéraire. Des figures de styles apparaissent,sont citées par rapport à ce fameux manuscrit à tel point qu'il me faudra relire le roman pour en chercher la signification (sauf quand il la donne..)
-Je suis dans le bus ,je vais chez Greimas(....)
-C'est une aphérèse,madame
-Hein?
-Bus ,au lieu d'autobus: c'est une aphérèse.On enlève le début d'un mot.Autobus devient bus. Mais si tu vas au ciné ce soir ,ce sera une apocope ,parce qu'on enlève la fin.Ciné au lieu de cinéma.Apocope et aphérèse:c'est la même chose ,sauf que c'est le contraire.T'as compris ,la Castafiore?
-Pauvre type!
l'auteur fait aussi appel à une certaine culture sans forcément la nommer.
Nous sommes tous fascinés par le choc des contraires . Si l'insoutenable légèreté de l'être (Kundera) peut s'avérer parfois pesante ,si le soleil noir (référence à Gérard de Nerval ?) des énigmes obscurcit souvent notre vie,si nous recherchons tous,comme Rimbaud ,les splendeurs invisibles aux profanes et aux non voyants,c'est un peu grâce à moi.Je suis l'oxymoron obscur et rayonnant.
Bon et bien moi ce genre de phrase suffit à mon bonheur de lectrice.Cet Oxymor a beaucoup d'humour,est un fouille merde parfait ,sa vie sentimentale stable mais de temps en temps un coup de canif dans le contrat ne lui déplait pas (il en parle d'ailleurs à sa compagne....qui apprécie plus ou moins). Le style enlevé et extrêmement bien écrit ,l'intrigue bien menée,aucun temps mort.
Seul petit bémol, la toute fin qui a voulu être un coup de tonnerre dans cette intrigue bien huilée ,apporter un plus et qui pour moi alourdit, du moins dans les motivations d'un des crimes récents.L'idée est bonne mais elle me semble mal traitée...
Mais peut on en vouloir à un auteur qui met en scène un chat nommé Aragon?
Pour en savoir un peu plus sur Gilles Schlesser
Tags : bien, oxymor, lieu, manuscrit, temps
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Commentaires
Je ne suis pas du tout lectrice de roman noir, mais là tu me donnes vraiment envie de découvrir ce livre! Merci à toi.
Bizzzzzzzzzzzius
Tu agites le chiffon rouge dés lors que tu écris "oulipien"! Je fonce! Et pourtant, je ne suis pas avide de polars en ce moment. Alors au final, une répulsive attraction!
Je lis ton billet, je regarde la couverture, et je m'aperçois que ce livre, je l'ai chez moi, chouette !
Ton commetaire sur ce roman me donne l'envie de le lire, merci pour ce partage, de plus j'aime bien les contraires qui souvent s'attirent.
Pour répondre à ton commentaire laissé sur mon blog, j'ai eu le même tour que toi avec le solei,l mais moi ce n'était pas une bande blanche, mais des dessins de bretelles en dentelles sur les épaules... sourire.
Belle soirée.
Très tentant ton billet. Tu m'as suffisamment intriguée pour me donner envie de lire ce livre et connaître le meurtrier.
Un roman ou l'intrigue s'oppose en defi a la realite presente, pas tres exaltante.. d'ou son merite.
Encore un à rajouter sur ma pile !!!! J'ai toujours du mal à la faire diminuée, tu en offres toujours de nouveau et j'ai de moins en moins de temps pour lire Hihihi !!!
Bises
Sygal
Non, cela ne m'inspire pas... et puis là je suis plongé dans une superbe biographie d'Alexandre Dumas... qui fait quand même 750 pages!
En principe, je ne lis que les biblios des auteurs que j'aime. Au moins, ai-je appris des mots "savants" oxymore, aphérèse. Apocope, ça je connaissais.
Amicalement. dinosaure80.
14AgnèsVendredi 6 Juillet 2012 à 10:47Ptêt ben que oui ptêt ben que non!!!! Il me tente ce livre mais en première lecture avec un dictionnaire, une deuxième lecture pour sentir l'ambiance et la troisième pour essayer de tout mettre dans l'ordre et surtout comprendre ce que je lis. Si je le trouve à la médiathèque je prends avec une prolongation de prêt
Bisous
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Non, je ne noterai aps ce livre. Ou alors en tout petit...