• Premier livre de cette auteure Canadienne et déjà une valeur sûre, une auteure sur laquelle il va falloir compter dans le monde du polar.

    Anne a été sequestrée pendant 1 an. Elle a du supporter le viol quotidien de son kidnappeur, les règles strictes qu'il lui imposait,aller aux toilettes à telle heure et non à une autre en laissant la porte ouverte, se baigner tous les soirs devant lui et subir le rasage qu'il lui faisait, préparer et servir ses repas et, comble d'horreur, lui servir pour un projet dont je tairai ici la teneur...

    Tout ça nous l'apprenons de la bouche même d'Anne qui , libérée (mais là aussi, je ne vous dirai pas comment ni pourquoi) suit une psychanalyse. 

    En fait tout le livre n'est que l'analyse d'Anne qui fait les demandes et les réponses.Jamais nous n'aurons l'intervention du médecin, sur ordre express d'Anne qui veut pouvoir se libérer à sa manière. Nous ne saurons que par petites touches, grâce aux remarques de la jeune femme , à quoi ressemble, ce qu'aime le psychiatre.Car là n'est pas l'intérêt du livre.

    Avec un dosage très savant, très bien maitrisé, nous connaissons à la fois le calvaire d'Anne durant ces longs mois de séquestration, sa manière de survivre, mais aussi la vie d'avant et la vie d'après.

    Nous faisons la connaissance de sa mère et de son beau père, celle de sa tante qui a toujours eu des rapports conflictuels avec la mère d'Anne ,nous apprenons que son père et sa soeur (la plus aimée de sa mère) sont morts dans un accident de la route, qu'elle a un amoureux, Luc,et une amie très proche, Christina.Nous entrons dans les relations particiulères qu'elle entretient avec sa mère, personnage particulier, femme-enfant étouffante (tout un programme)

    Elle travaillait dans l'immobilier (milieu que connait bien Chevy Stevens puisque c'était son métier avant que le démon de l'écriture ne la saisisse) , a un chien ,Emma. 

    Et puis le après...Libre apparemment mais en fait toujours enchainée par toutes les règles  que lui imposait David, son ravisseur (Mais s'appelle t' il ainsi en réalité?) à tel point que toute sa vie est ritualisée , vérification de la fermeture des portes et des fenêtres, nuits passées dans un placard pour tenter de se rassurer, bataille contre elle même pour satisfaire ses besoins intimes quand elle en a besoin et non aux heures imposées par son ex tortionnaire etc..

    Et puis supporter les journalistes envahissants, en chasse de scoops, de photos, de reportages, lutter contre la pression pour réaliser un film sur son calvaire.

    Chaque chapitre est en fait un monologue pas un seul instant ennuyeux, une séance de psychanalyse avec des allers retours dans le temps extrêmement bien construits.

    Progressivement,  des évènements traumatisants surviennent,des questions se posent... Le ravisseur d'Anne était il seul ou avait il un complice? Le cauchemar n'est pas terminé, la sensation de séquestration qui commençait tout juste à s'atténuer vers la dernière partie du thriller regagne en intensité , la vie de la jeune femme semble sur le point de rebasculer...

    J'aurais peut être un bémol en ce qui concerne la toute dernière phrase du roman qui m'a semblée un peu trop conventionnelle mais c'est un tout petit bémol si on considère la qualité de ce premier roman qui met à nu nos réactions face à une personne ayant vécu un tel traumatisme. Comment se comporter? Comment renouer des relations ? En faisant comme si rien ne s'était passé? En cherchant à  protéger le plus possible, en l'accablant de conseils, d'attentions ? En lui laissant sa liberté d'être fondamentalement différente? 

    Si vous l'avez lu, qu'en avez vous pensé? 

     

    Son second roman vient de sortir (Clic)   

    Il fait partie de la   

     

    J'espère être choisie pour la chronique d'un des livres proposés et si c'était celui là qui m'était envoyé, ce ne serait que du bonheur!

     (Clic) chez Liliba

     

     

     

     

     


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  •                                                       

     Premier livre de S.Beckett (Beckett, Beckett,Kate Beckett , Nicki Hard, je m'égare) j'ai eu un vrai coup de coeur en le découvrant.

    Manham est un petit village perdu d'Angleterre , aux  terres marécageuses et boisées.On pourrait croire que c'est le synonyme de quiétude, d'endroit parfait pour tourner une page douloureuse et avancer dans la vie.

    David Hunter, ancien anthropologue et ancien médecin légiste à Londres, l'a cru aussi et c'est ainsi qu'il est devenu le médecin du village.Tout d'abord venu il y a trois ans, suite à un drame personnel, pour seconder le docteur Henri Maitland, victime d'un accident de la route qui l'a laissé en fauteuil roulant et a tué sa femme,il a fini par s'installer dans le village.

    Mais chacun sait que les endroits les plus petits peuvent recéler des dangers aussi grands que dans les villes , en tout cas Sally Palmer, une jeune femme , l'a vite compris en se retrouvant enlevée puis égorgée. Avant son chien.

    David se retrouve au front ,appelé pour aider les enfants qui ont découvert le cadavre puis demandé par l'inspecteur Mackenzie au courant de son ancien métier.Tout d'abord réticent à rechausser ses chaussons de médecin légiste, il finit par accepter pour en finir au plus vite avec cette tragédie qui secoue le village. Tragédie, vraiment? Oui, c'est bien dommage mais , elle n'était pas du coin, on ne la connaissait pas trop, elle restait chez elle...

    Et c'est là que le roman devient intéressant car à l'instar d'une Agatha Christie ou d'un Maigret , Simon Beckett nous conte les joies de ces petits villages bien tranquilles qui, au bout de 30 ans, considèrent toujours quelqu'un comme un étranger quand il n'y est pas né.

    La police et David n'ont pas le temps de souffler que le cadavre d'un jeune homme est découvert, mais celui là date d'une vingtaine d'années, et qu'une autre jeune femme disparait alors que la vie sentimentale de David semble, dans le même temps,  prendre une meilleure tournure avec Jenny, l'institutrice, une étrangère elle aussi, venue trouver la tranquillité suite à une agression.

    Cette fois, le doute n'est plus permis.L'assassin se trouve parmi les habitants du village.

    Animaux tués, mis sur le chemin des futures victimes, pièges, braconnage, descriptions des lieux et des habitants, tout contribue à créer une ambiance lourde, faite de tensions entre les villageois qui finissent par sombrer dans la paranoia. Des milices sont activées par le prêtre qui profite de ces crimes pour se faire connaitre un peu plus loin que son village au moyen des journalistes alertés par le second cas d'enlèvement.

    Simon Beckett nous invite aussi à des descriptions minutieuses et intéressantes des scènes de crimes et , si vous avez le coeur bien accroché ou l'intérêt intellectuel aiguisé,pupes, chrysalides, larves,taux de fer dans la terre et autre terme comme adipocire n'auront plus de secrets pour vous.

    L'emploi de la première personne du singulier donne un ton alerte au récit extrêmement bien construit,la psychologie des personnages principaux ou secondaires fouillée et c'est avec un grand plaisir que je n'ai pas pu découvrir le coupable! Simon Beckett est assez pervers pour nous faire aller de rebondissements en rebondissements , nous emmener dans une direction qui n'est pas tout à fait la bonne...

    Il signe là une première enquête de David Hunter, personnage très attachant.Deux autres lui succèdent 

     

                                                

    A suivre....

     

                                                         chez LILIBA (clic)


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  •  Deuxième livre de cet auteur , après Les feuilles mortes, qui me séduit de plus en plus.

    Jackson Kinley,la quarantaine, est auteur de livres sur des cas judiciaires importants.Sans doute tient il sa passion des enquêtes et des mystères de sa grand mère Dollar (et oui, c'est son nom) qui lui lisait quand il était petit la gazette de la police racontant des histoires de crimes abominables.

    C'est son ami Ray qui a trouvé sa grand mère décédée .Kinley ne savait pas ,alors, qu'il reviendrait dans sa petite ville natale,Sequoyah, deux mois après l'enterrement mais cette fois pour son ami Ray mort d'une crise cardiaque dans le canyon, là où ils avaient joué , enfants.

    Séréna, la fille de Ray, est contente de le voir mais son ex femme , Loïs, lui réserve un accueil mitigé. En fait Séréna soupçonne que la mort de son père n'est pas "naturelle" et demande à Kinley de l'aide. Pour cela, elle lui révèle que Ray était en train de travailler sur une vieille histoire remontant 37 ans en arrière. A l'époque , il y avait eu la disparition d'une jeune fille ,Ellie Dinker, jamais retrouvée et un homme avait été appréhendé, un ouvrier du nom de Charles  Overton, condamné en cinq jours de temps et exécuté.

    Kinley décide de se plonger dans l'affaire et comprend que si Loïs, l'ex femme de Ray, n'était pas très enchantée de le voir, c'est parce qu'elle avait subtilisé quelques dossiers , dossiers menant à Dora Overton, la fille de Charles  mais aussi la maitresse de Ray.

    C'est donc à une enquête minutieuse que nous assistons avec les quelques protagonistes de l'époque qui sont encore en vie,un plongeon dans les années 50 dans une petite ville , pleine d'a priori, à la  mentalité austère. Dossiers du procès, témoignages, tout converge vers la culpabilité de Charles Overton.

    Mais quel aurait été le but de cet homme replié sur lui même depuis son retour de guerre? Il attendait un enfant, sa vie semblait banale.Il n'avait rien d'un psychopathe mais semblait plutot un perdant.Très vite la conviction de l'innocence de Charles émerge dans l'esprit de Kinley mais alors si ce n'est pas lui, qui est ce? Et où se trouve Ellie Dinker dont on n'a retrouvé que la robe verte ensanglantée dans la forêt, les chaussures et la manivelle ayant servi à l'assassinat supposé dans le camion de Charles, Charles qui souffrait beaucoup de l'estomac ce jour là, détail important.

    Nous assistons à la longue recherche de Kinley comme si c'était pour l'un de ses livres: Minutes du procès, recherches de preuves, arrestation de Charles Overton,son apathie, tout cela entremelés de souvenirs d'autres affaires sur lesquelles Kinley a travaillé.Sous ses yeux, des détails qui sont passés inaperçus au moment révèlent des incohérences.

    Tout ceci sur un rythme assez lent et pourtant jamais ennuyeux,T.Cook nous donnant très souvent un indice qui va relancer notre intérêt.Nous sommes dans l'ambiance d'une petite ville où la vie semble au ralenti,sans grands changements depuis les années 50.Ni du point de vue infrastructure ni du point de vue état d'esprit.Pour tout le monde, Charles Overton était coupable, la vie privée est toujours sujette aux ragots.

    Kinley avance avec une grande question que lui posait souvent Ray: Faut il à tout prix connaitre la vérité? Et kinley répond toujours "oui"...Mais ne va t il pas faire des découvertes qui vont tout remettre en cause ,même dans sa propre vie? 

    Thomas H.Cook est un grand auteur (et le livre   que je suis en train de dévorer ne peut pas entamer cette affirmation) qui maitrise très bien les allers retours présent-avenir, le suspense constant.Tout est fait pour que nous nous fassions notre propre idée de "qui"? mais , heureusement pour nous, nous nous trompons! 

    Un bémol : la fin..Autant tout a été clair depuis le début, autant le final nous plonge dans un épais brouillard...D'un seul coup nous sommes propulsés dans les souvenirs quelque peu embrouillés de Kinley à 3 ans (ce qui psychologiquement est normal ) et c'est là que tout est dévoilé.Mais défense de le lire !! Laissez venir à vous ce moment pour le moins déroutant qui a fait que j'ai dû lire plusieurs fois ce passage pour être bien sûre d'avoir compris.

    Mais surtout que ce petit reproche ne vous empêche pas de lire ce polar qui,sans  descriptif gore, nous interroge sur le poids du passé, des secrets de famille, avec en filigrane la question de la peine de mort.

     

                                                           


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  •  Nouveau rendez vous hebdomadaire.

     

    C'était un brave homme .Je suis simplement désolée qu'il ait dû mourir tout seul, au fond du canyon.

     

                    Je suis presque arrivée à la fin...Le suspense dure toujours...              


    9 commentaires
  •  C'est le 1er livre que je lis de cet auteur. Je vous le dis dès maintenant , ce ne sera sans doute pas le dernier.

    Ce n'est pas à proprement parler un polar au sens strict du terme. Il y a bien enquête policière mais ce n'est pas le fond de ce roman.

    On commence par une sorte de journal qui s'adresse à nous lecteurs et très vite on comprend que c'est un des principaux personnages qui parle, le père.Très vite, on sait que la fin ne sera pas forcément heureuse.Que cette tragédie va réveiller une autre histoire , celle du père pendant son enfance.

    Dans le temps présent, Keith , le fils de quinze ans, adolescent replié sur lui même, mauvais élève,  bon en rien, sans passions, sans amis va garder un soir Amy, fillette de 8 ans tandis que ses parents sortent.

    Rien que de  très banal si ce n'est qu'Amy ,le lendemain matin, est constatée disparue. Evidemment , les soupçons pèsent très vite sur Keith et la police oriente ses recherches pour trouver les preuves .

    L'intérêt de ce roman , encore une fois, n'est pas dans l'enquête policière. Il est dans l'analyse noire, très noire même ,de la Famille. Malgré les apparences , malgré des photos qui montrent des personnes souriantes, le bonheur existe t il vraiment? Connait on  réellement sa femme, son fils, ses parents, sa fratrie? N'y a t il pas des zones d'ombre qu'on ne voit pas ou qu'on ne veut pas voir?

    Le soupçon, ce poison,  envahit la mère, Meredith , puis le père .Le soupçon vis à vis du fils, soupçon vis à vis de Meredith et d'une éventuelle liaison....Et c'est au chaos d'une famille au sein de laquelle  la confiance et l'amour régnaient que nous assistons progressivement, un chaos qui va faire boomrang sur l'enfance d'Eric.Sa mère s'est elle tuée dans un accident de la route? Etait elle aussi bonne épouse et bonne mère que ne le laissent supposer ses souvenirs? Quel rôle son père a t il joué? Et Warren, le frère, qui est il vraiment? "Un bon à rien" , doux mots prononcés pour le désigner par son géniteur , un attardé mental, un alcoolique ? Et si oui, pourquoi? 

    Deux histoires en parallèle à quelques années d'écart, deux histoires qui finiront par se rejoindre dans le fracas de deux familles.

    Dans ce genre de roman, il n'est pas fréquent de voir la trame se dérouler à l'envers, on commence par la fin ou presque et , surtout, on vit à l'intérieur d'une famille dont l'un des membres est soupçonné du pire.On vit aussi l'horreur de la situation des parents de la jeune disparue, les soupçons, la dégradation psychologique de ce père prêt à tout pour retrouver sa fille, vivante ou morte, tout pour  ne plus être dans l'attente.

    Les policiers interviennent mais seulement pour les besoins de l'enquête.

    Le style sobre, dépouillé , long cheminement d'une pensée intérieure ajoute au côté réaliste et sombre.Ici point de sang, tout est en subtilité.

    La fin? Peut être un peu attendue...seul tout petit bémol pour ce thriller au suspense maintenu jusqu'au bout.

    Dites vous , en ouvrant ce livre, que cette histoire pourrait être la vôtre.... 

     

    J'allai me recoucher, à présent parfaitement réveillé, étrangement mal à l'aise, incapable de chasser le doute qui venait de surgir dans mon esprit.Ce doute minait tout à coup mes certitudes, comme si sous les fondations de ma vie je sentais la terre trembler.

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    En effet les feuilles commençaient à tomber, remarquai-je alors que je me dirigeais quelques instants plus tard vers ma voiture garée dans l'allée. Le sol était jonché de grandes feuilles jaunes couvertes de taches marron comme de minuscules tumeurs.

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    Mrs Phelps était trop profondément gentille  pour ne pas faire preuve de tact, mais elle resta ferme: il n'était pas question que mon fils approche sa petite fille. Je repensai à un ouvrage sur les baleines où l'on expliquait que  la mère était capable de s'interposer entre le harpon et sa progéniture.Mrs Phelps protégeait de la même manière sa petite fille de mon fils.




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