•  Lu en 2 jours ce nouveau petit bijou de Marie Sabine Roger ! Mais pourquoi cette auteure n'a t elle pas plus de notoriété ? Certes, elle vient de se voir attribuer le prix des Lecteurs de l'Express pour ce dernier roman, sa "Tête en friche " a vu ses ventes s'envoler à la sortie du film éponyme de Jean Becker mais on ne peut pas dire que le grand public la connaisse.

    Je dirais même qu'elle devrait être remboursée par la Sécurité Sociale!! Dès le début , le ton est donné et vous ne pouvez que rigoler bien franchement de ce qui arrive à Jean Pierre. Pourtant,à priori, ce n'est pas bien drôle , même si ce n'est pas d'une très grande gravité, ce qui lui arrive à ce veuf sans enfant de 67 ans puisqu'il se retrouve à l'hôpital après avoir plongé dans la Seine. Accident ou tentative de suicide? Personne ne le sait, pas même ce monsieur qui a perdu la mémoire à ce sujet.

    le style MSR est né! Tournures de phrases,mots incisifs, sens de la formule qui provoque immanquablement le rire, le fou rire même, l'émotion, la réflexion. Le sens de l'humain, le sens des petites gens,  voilà ce qui résume Marie Sabine Roger.

    Jean Pierre, bougon, acariâtre a tout pour susciter l'antipathie mais sous la plume de Marie Sabine Roger il nous attendrit, capable qu'il est de s'ouvrir à l'autre et pourtant il y a du travail à faire! Il va faire la connaissance de son sauveur , un jeune prostitué, étudiant, qui n'a pas les moyens de poursuivre ses études et qui a trouvé ce moyen là, du policier chargé de l'enquête qui va vite s'inscruster auprès de lui plus que de raison (mais pourquoi?) d'une jeune fille bien enrobée et enquiquineuse de première.Ce sont aussi les infirmières, les aide-soignantes et les médecins.Et là, je peux vous assurer que vous ne verrez plus du même oeil l'hôpital.

    A offrir à un de vos proches lors d'une hospitalisation! Le moral ne pourra que remonter en flèche!

    Il me semble que j'avais dit après la lecture de la "Tête en friche " que j'avais perdu des amis en ayant terminé la lecture.Pour celui là, j'ajoute que j'aimerais bien les connaitre ces Jean Pierre,Camille,Maxime, Maëva et cie.Ils sont une petite partie de moi même.

     

                                                                                      

     

    Sans me vexer , vers les six sept ans, j'avais déjà tâté pas mal de choses, pour ce qui est des délits interdits par la loi.Vol à l'arraché, viol, extorsion de fonds...

    Question viol, j'avais roulé une pelle à Marie-José Blanc.Elle serrait les dents, je n'étais pas allé plus loin.C'est l'intention qui compte.


     

                                                                                       

     

    Le pire, dans tout ça, c'est que j'étais l'aîné, je portais l'étendard.Mon frère s'élevait tout seul sans emmerder personne, bienheureux qu'il était. Cétait le benjamin, le deuxième arrivé. Le Poulidor de l'hérédité.

    Moi, j'étais celui sur qui reposaient les espoirs.

    Je me souviens encore du regard des voisins, des cousins et des autres. De ce regard en pente qui glissait tristement de mon-père-ce-héros à ce petit morveux, capricieux et fouteur de merde. Leur expression incrédule, attristée, qui disait en silence:

    -Mais comment ça se peut il? Un type comme lui, faire un gamin pareil! 

     

                                                                                        

     

    - Parce que tu lis, toi?

    -C'est quoi ce cliché pourri? pourquoi je en lirais pas? Parce que je suis jeune? Parce que je fais le "tapin", comme vous dites? Je suis en licence de mathts-physique. Je veux bosser en médecine nucleaire.Je dois passer un concours, en Juin, et c'est très sélectif.

    Je suis resté scotché,ça doit se voir: ses yeux brillent de fierté,deux secondes.

    Boîté, le vieux salopard.

     

                                                                                         

     

    A ce moment là, un couple est passé dans le couloir et, au regard compatiisant qu'ils nous ont jeté, j'ai senti qu'il y avait méprise: une gamine en larmes au chevet d'un vieux plâtré, ça devait sentir le Zola à plein nez.

    Papi allait crever.

     

                                                                                         

     

    Elle ne dit jamais "le docteur Machin" ou  le "professeur Truc", comme s'il n'avait pas d'autre nom.

    Elle dit "le chirurgien" comme elle dirait "Dieu"

     


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  • Qu'on se le dise!!! Le nouveau Marie Sabine Roger vient de sortir! Quoi, quoi?? Vous ne savez pas qui est cette personne? 

    Rappelez vous, la tête en friche

     " Si être intelligent ,c'était qu'une question de volonté,je serais un génie,je peux dire.Parce que j'en ai fait des efforts.J'en ai fait! Mais c'est comme si je voulais creuser une tranchée avec une cuillère à soupe.Tous les autres ont des tractopelles ,et moi je suis là comme un con.C'est le cas de le dire "

     

    et bien je vous livre un petit extrait qui a séduit la lectrice que je suis

    « Depuis que je suis là, le monde entier me souhaite bon rétablissement, par téléphone, mail, courrier, personnes interposées. Par pigeons voyageurs, ça ne saurait tarder.Bon rétablissement. Quelle formule à la con ! »

    Il est en commande mais aussitot qu'il arrive je m'y plonge avec délice.

     

                                                             


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  •  Voulant un peu changer de mes polars bien-aimés j'ai porté mon choix sur le roman qui a remporté le prix Femme Actuelle.

    J'avoue m'être dit, au départ, que l'histoire n'était jamais qu'une de plus ayant pour cadre la seconde guerre mondiale.

    J'avais compté sans le talent de l'auteur pour qui les mots du passé sont le premier livre.C'est un pavé de 700 pages que j'ai dévoré en 3 jours.

    Août 2003 , la canicule.Nina, étudiante en histoire , a rendez vous avec un professeur qui la suivra pour son mémoire.Arrivée sur le lieu de rendez vous elle ne peut que constater abec effroi que celui ci vient de suicider.

    Louis et son fils Simon partent faire une ballade en bateau depuis La Rochelle.A peine en mer ils doivent faire demi tour car Pierre , le père de Louis, octogénaire, lui demande de venir le rejoindre le plus vite possible.

    Louis qui n'a eu jusque là que des relations un peu distantes avec son père voit là un moyen de se rapprocher.

    Et les voilà partis pour la maison familiale à Jansallières située dans le Massif Central.Afin que Louis comprenne pourquoi ils doivent se rendre là bas (alors que la maison était vendue depuis longtemps, du moins le croyait il) Pierre entame pendant le voyage un long récit.

    Nous voilà plongés dans la France de 1939.Une grosse partie du roman se déroulera pendant cette période sombre de notre Histoire ,de temps à autre entrecoupée par le temps présent.

    Nous ferons la connaissance de Marcel, le meilleur ami de Pierre, communiste.Ensemble , leur rêve de jeunes hommes est de participer aux Six jours du Veld'hiv' et ils s'entrainent durement pour décrocher une bonne place.

    Puis ce sera Missak ,un relieur de livres qui lui apprendra ce beau métier.Sarah, jeune Juive dont il tombera amoureux et avec laquelle il aura un enfant,Le Bourru, fournisseur de peaux et tant d'autres figures importantes pour cette période de 39/ 45.

    Progressivement la guerre empiète sur la jeunesse de ces êtres et leur fera prendre des positions qu'ils étaient bien loin d'imaginer.

    Le passé mouvementé de Pierre aura des répercussions à la fois sur son avenir et le présent.

    Je me suis laissée complètement embarquer par le style de Jean-Michel Denis qui a fait quelques recherches concernant l'Occupation , sans jamais tomber dans le pathos même si les évènements décrits sont parfois durs.

    L'histoire est un vrai  page -turner (si vous voulez en savoir plus sur cette expression, cliquez sur le lien qui vous emmènera sur un excellent article de Pichenette),le suspense est constamment mené sans faiblesses jusqu'à la toute dernière phrase.On comprend pourquoi le livre a démarré par un suicide, la boucle est bouclée.Construction romanesque sans faille,que demander de plus à un premier roman, sinon ..un deuxième?

    La grande question posée par ce livre et qui peut apporter de la profondeur aux propos, est de savoir s'il ne vaut pas mieux laisser le passé ,ne pas chercher à répondre à tout prix aux questions sans réponse.

    Pas de doute, un excellent roman de l'été.  



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  • Je vous avais parlé que j'avais été choisie par pour évaluer un livre dans le cadre de 

     

    J'ai eu le manuscrit VITRINES EN COURS entre les mains.Je le redis mais ce fût vraiment une grande émotion pour moi puisque c'était la 1ère fois que j'avais un livre sans couverture (d'où l'absence de visuel), le travail presque encore brut d'un jeune auteur.

    Je vous livre ce que j'en avais pensé sur le site des Nouveaux Auteurs.Vous pourrez également lire, si vous êtes intéréssés, les avis des autres chroniqueurs LA 

     

                                                           

     


    Coup de foudre entre Laure et Ulysse à travers une vitrine que la jeune femme est en train de réaliser.C'est le développement de cette histoire assez insolite que le livre raconte y melant les amis qui gravitent autour de Laure ainsi que sa grand mere. Laure et Ulysse ont ils un espoir que leur amour se developpe malgré les blessures que la vie leur a infligées? Les amis trouveront ils leur part de bonheur ? Et la grand mere aura t elle le courage de laisser s'envoler ceux qu'elle aime malgré le malheur qui l'a frappée? 
    > Public concerné : 
    Les personnages aimant un style litteraire particulier,les histoires d'amour,l'humour et l'émotion.
     

    9.75   > En une phrase : 

    Excellent 1er roman plein de vie et d’émotions,de belles réflexions sur la vie en général,les fêlures que tout le monde peut avoir .Histoire d'amours tendres.A offrir à celui ou celle qu'on aime.

    > J'ai particulièrement apprécié : 
    j'ai aimé la façon originale de passer d'un personnage à un autre,d'un moyen de communication à un autre qui donne un aspect tres actuel au roman.L'émotion de certains passages,les personnages attachants pour diverses raisons ,le fait que finalement tout tourne autour de la grand mere.L'humour aussi qui fleurit à de nombreux endroits.


      9.50  
    > Pourquoi cette note : 
    J'ai beaucoup aimé le mélange de réflexions intimes qui laissent le pas à un envoi de mail pour revenir à un autre personnage ,parfois avec des dialogues parfois avec un monologue intérieur pour céder la place à un envoi de texto.Le lecteur est désarçonné par cette manière de concevoir la narration mais jamais perdu.C'est un style moderne pas souvent usité je crois.

    > Mon sentiment sur le titre du livre : 
    le titre à première vue peut sembler banal mais en fait il recouvre le réel (Laure est décoratrice de vitrines donc en cours de réalisation) mais aussi le figuré puisque les vitrines sont aussi celles des vies des personnages qui elles aussi cherchent leur réalisation.

    > Ce que je pense des personnages : 
    Extrêmement attachants,drôles,inventifs.Blessés mais ils parviennent à faire face à leurs problèmes.Une bande d'amis comme on aimerait en avoir dans la "vraie" vie et une grand mere inoubliable.

    > Ce que je pense du thème général du livre : 
    C'est un thème traité à maintes reprises mais cette maniere de le faire renouvelle le genre.

    > Ce livre ferait-il un bon film ? 
    Absolument!

     

                                                         

     

    J'espère que ce roman sentimental sera édité.


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  • Livre en partenariat avec Vincent des Agents littéraires et les Editions "les nouveaux auteurs" (2ème fois avec eux puisque j' y avais découvert  "Psychose au 36" de Hervé Jourdain).

    Avant toute chose j'aimerais beaucoup remercier Vincent des Agents Littéraires pour sa gentillesse et ses quelques mots de soutien à un moment difficile pour moi...

     

    Je n'ai pas l'habitude de lire ce que j'appelle des livres régionaux.Mais l'occasion s'est trouvée alors pourquoi pas?

    Dès le départ j'ai été accrochée par le style de l'auteur qui sait employer les mots pour en faire de belles envolées lyriques et poétiques

     

    "Autour de lui,la nature paraissait comme pétrifiée,attendant avec fatalité la petite mort automnale.Plus bas,les bouleaux commençaient à se défaire de leurs habits d'été ,ne gardant pour la froide saison que d'austères écorces s'effilochant au gré des vents.Etranges silhouettes de mendiants dégingandés vêtus de haillons".

     

    C'est l'histoire de Zian ,enfin ,Jean "comme son grand père",jeune homme de 18 ans qui arrive dans un petit village des Alpes et part très tot avec tout son matériel de peche.Jour de pêche...

    (Petite parenthèse...En lisant ce prénom de "Zian" je me suis retrouvée au temps où je dévorais Frison Roche ,Zian étant le nom du héros de la grande crevasse (entre autre))

     

    C'est l'histoire d'une relation d'amour entre un grand père ,l'Ancien,et son petit fils à qui il a transmis l'amour de la pêche et de la chasse .

    C'est une histoire de générations racontée à l'aide de flash-backs qui n'ont rien de pesant et c'est ainsi qu'on se retrouve au moment de l'occupation allemande avec ses héros discrets dont font partie les arrières grands parents et le grand père de Zian ,encore tout  jeune homme,qui accueillent des familles juives pour leur faire passer la frontière,et ses crapules...

    C'est l'histoire de la rencontre de Jean et de Germaine,les grands parents aimants du jeune Zian.Leurs joies ,simples,mais aussi les douleurs comme la perte d'un enfant,la petite soeur de Jean.(Là,pas moyen de retenir son émotion...)

    Il y a aussi un secret de famille encore plus lourd que prévu et qui aura des conséquences tragiques une fois la vérité connue.


    Il y a donc cette relation privilégiée entre le grand père et Zian ,relation qui saute une génération car le père de Zian n'est pas du tout proche de son père,préférant la ville à toute vie villageoise.

     

    C'est aussi (et surtout?) un hymne magnifique à la Nature.Les descriptions de parties de pêche de ne sont pas ennuyeuses pour qui n'est pas passionné ,au contraire elles donneraient presqu'envie d'apprendre tant elles sont écrites et rendues vivantes par des mots empreints de poésie.Tout est décrit avec tant d'amour,de respect pour le poisson...Oui,de respect.Certaines truites sont pêchées uniquement dans un esprit sportif et tout est fait pour qu'il ne souffre pas (la prise est ensuite remise à l'eau,on ne pêche que ce que l'on veut manger,pas plus).Description minutieuse des appâts,des mouches et autres hameçons.

    La chasse aussi est mise à l'honneur et même si je ne partage pas cette activité je n'ai pu m'empêcher de constater là aussi le respect pour la vie animale .De petits gestes aussi sont expliqués.Jamais je n'aurais cru possible de m'interesser à la confection d'un couteau,à la préparation d'une peau de lièvre ,à la confection d'un camp en fonction du soleil.

    En fait tout le livre est empli de cette notion de respect,entre humains ou vis à vis de la Nature,de tolérance,d'amour et de fraternité.Bien sûr ,ce n'est pas un roman à l'eau de rose et comme je l'ai dit plus haut il y a aussi son lot de traitres.


    C'est un roman qui apporte une sorte de rafraichissement ,un apaisement.Et si on a tendance à une (légère) misanthropie,et bien grâce ,à lui on peut peut être revoir son opinion ...Il n'est pas sans rappeler "et au milieu coule une rivière".


     

     

    En résumé,un très joli livre avec son lot d'émotions (l'auteur nous en réserve une belle quasiment à la fin du livre) et des descriptions de Nature qui valent tous les discours non écoutés des défenseurs de la Nature.


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