•  (Si vous voulez voir de magnifiques photos dont le logo fait partie, rendez vous sur ce Tumblr ! Vous y verrez des merveilles)

    Je vais tenter de participer aux Plumes d'Asphodèle. Une manière de me remettre à l'écriture, de refaire fonctionner mes neurones vieillissants, de faire une activité que j'aime mais qui me demande une concentration qui me fait défaut.

    Asphodèle est partie d'un mot: Cortège et chacun devait donner un mot en relation avec lui.

    23 mots ont ainsi été proposés et  doivent faire partie du texte imaginé. Ils seront en italique et soulignés dans ma prose. Indulgence sera le maitre mot, si vous le voulez bien, même si toutes critiques seront acceptées et réfléchies car ce sont elles qui permettent le progrès.

    Je ne serai pas présente ce week end, je vous lirai donc ,avec plaisir, à mon retour.

     

     

     

    L'angoisse la saisit à la gorge, provoquant un afflux de larmes. Elle se sentait poussée,comprimée par une foule toujours plus grande. Mais où était elle? Que s'était il passé ? .Elle ne reconnaissait plus l'endroit où elle se trouvait. Une atmosphère étrange , empreinte de ferveur, flottait dans l'air.Elle qui détestait les rassemblements, les carnavals, les fêtes populaires, se retrouvait au beau milieu d'une manifestation sans qu'elle sache comment elle était arrivée là.

    Elle tenta de s'extirper de ces corps qui l'emprisonnaient,de se diriger ,poussée à droite, rejetée à gauche,emportée en arrière,projetée en avant, vers un renfoncement entre deux bâtiments.Elle y parvint, en sueur, une boule d'angoisse bloquée dans la gorge qui la forçait à respirer par à coups. Une ribambelle d'idées les plus folles , les plus noires, affluait dans sa tête douloureuse. Tout s'entrechoquait,la laissant pantelante. Elle fit appel à sa volonté et parvint à se ressaisir.

    Ne pas se laisser abattre ...Voyons...Où était elle? Dans une ville ,et une grande vu le peuple qui déferlait dans la rue. Juste avant de se retrouver là... allez..Réfléchis!!! Ah oui! Elle était à Paris, baguenaudant le nez en l'air comme souvent, émerveillée par les immeubles haussmanniens. Elle avait décidé ce voyage depuis sa Bourgogne natale en découvrant par hasard des photos avant-après de Paris faites par le  photographe officiel de Napoléon III , Charles Marville. Et c'est en traversant la rue sans regarder que la voiture l'avait heurtée , l'envoyant valdinguer quelques mètres plus loin , la tête heurtant violemment le bitume.

    Et elle se retrouvait là,désorientée,dans un lieu qu'elle ne reconnaissait pas. Dans un monde inconnu car en regardant plus attentivement, elle s'aperçut que les costumes n'avaient rien à voir avec les tenues auxquelles elle était habituée. Avec stupeur, elle réalisa qu'elle avait fait un bond  en arrière dans le temps et que si elle se trouvait toujours à Paris, c'était au XIXème siècle. Hommes en casquette, bourgerons et pantalons de travail, femmes en jupes et caracos, voilà ce qu'elle voyait dans une longue succession semblable à un fleuve qui déborde de son lit, envahissant les rues.

    Aux acclamations qu'on scandait autour d'elle, elle comprit enfin où elle était et surtout la date de son voyage dans le temps : "Vive Victor Hugo"! "Vive Victor Hugo"!! Elle avait été propulsée au 1er Juin 1885, jour de l'enterrement du célèbre écrivain. Funèbre instant pour la littérature française qui avait cependant marqué l'Histoire, entre autre par la ferveur du peuple,venu manifester son amour dans un long cheminement à celui qui avait tant fait pour lui,dans ses admirables écrits ou dans ses actes.

    Elle parvint à s'approcher et découvrit l'Arc de Triomphe recouvert d'un long voile de crêpe sombre sous lequel un immense catafalque noir et argent avait été déposé .Tout autour un amoncellement de fleurs   semblait vouloir apporter, en embaumant l'air, un peu de douceur et d'apaisement au chagrin des personnes qui défilaient devant l'oeuvre de Charles Garnier se rappela t elle , pour un dernier hommage.

    Soudain, des coups de canon retentissent...Vingt et un au total. Le silence se fait. Pendant que résonnent la Marseillaise puis le Chant du départ joués par la musique républicaine,le cercueil est déposé dans un corbillard simple , noir, orné de deux couronnes de roses blanches, attelage tiré par deux chevaux. Le cortège s'ébranle , le défilé commence alors pour rejoindre la dernière demeure de l'écrivain,le Panthéon.

    Dans son désir de s'approcher un peu plus près, elle n'avait plus fait attention à ce qui l'entourait.Bousculée, elle perdit l'équilibre et heurta violemment le pied d'un lampadaire.Dans un éblouissement bleuté, elle vit tout chanceler autour d'elle et tomba par terre.

    - Mademoiselle, mademoiselle!!! Réveillez vous! Je suis tellement désolé!! 

    Elle revint à elle,étendue dans la rue, un attroupement autour d'elle. Les trépidations du métro ,le bruit de moteur des voitures,l'odeur si particulière de l'essence lui firent prendre conscience qu'elle était revenue en 2012.

    Un jeune homme était penché au dessus d'elle,ses yeux noirs inquiets. Elle chercha à se relever, encore étourdie. Aussitôt, il se pencha pour l'aider 

    -Voulez vous voir un médecin? Vous avez perdu connaissance, ce serait sans doute plus prudent.

    D'un geste de la main, elle refusa.

    - J'aimerais plutôt boire quelque chose dit elle d'une voix encore un peu faible.

    Soutenue par un bras, elle gagna le trottoir, encore perturbée par ce qui venait de lui arriver.Comment cela se pouvait il? Cartésienne de nature, elle n'avait jamais adhéré à ces thèses de sauts dans le temps.Il allait lui falloir un moment pour accepter cette expérience.

    Ils entrèrent dans un café et s'installèrent dans un endroit retiré. Avec un sourire, le jeune homme l'aida à s'asseoir .

    -Je m'appelle Victor.Et vous?

    Des frissons la parcoururent, un instant, le sol parut tanguer sous ses pieds.

    Elle répondit,avec un soupçon d'angoisse dans la voix: Juliette.

     

     


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  • J'ai découvert Hopper il y a quelques années en écrivant un texte que vous pouvez retrouver LA.

    J'ai beaucoup aimé l'atmosphere que rend ce peintre dans ses tableaux, on m'a offert un livre sur lui et j'ai découvert , très récemment, qu'une  exposition de ses oeuvres se tenait au Grand Palais à Paris.

    Je peux vous conseiller deux revues si vous ne pouvez pas vous déplacer.Edit: La photo de la revue des Inrocks a été interdite...Les mystères du droit à l'image...Le tableau de Hopper en couverture ne leur appartient pas, que je sache...

     


     et  

    Un avant goût de ce que nous pourrons voir ma fille et moi

     


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