•  Huitième livre de Serge Joncour et moi, je le découvre. C'est la phrase qui est inscrite sur la couverture qui m'a incitée à lire ce roman qui fait partie de la Rentrée littéraire.Et j'ai bien fait.

    Avec un style sans effet de manches Serge Joncour nous raconte des histoires d'amour.Pas qu'une seule.

    Tout d'abord celle de Franck, parti à la ville , caméra au poing pour traquer le reportage.Il ne se sentait pas chez lui dans cette ferme du Lot.Il n'avait plus rien à dire à ses parents, n'avait  pas le goût de reprendre l'exploitation.Et d'ailleurs, c'est son jeune frère Alexandre, le préféré, qui était là pour cela.Franck n'est revenu à la ferme que dix ans plus tôt pour son enterrement.Il y a croisé la jeune épouse, croisé mais pas parlé car très vite reparti pour ailleurs.

    Oui mais la vie est bizarre car le voilà maintenant qui tente d'appeler ses parents.Pas de réponse alors, sur un coup de tête, il décide de retourner sur la terre de son enfance.

    C'est au tour, maintenant de Louise.Louise qui vit en ville, elle aussi, pour tenter de noyer son chagrin, lui échapper dans les vapeurs d'essence , le tourbillon , les amants de passage, d'un amant qui s'accroche sans qu'elle sache pourquoi. Celui là, il lui a fait un joli cadeau, il y a 5 ans.. Un petit bout d'homme , qu'elle a nommé Alexandre et amené à la ferme du Lot pour qu'il y vive comme une résurrection du fils tant aimé et dont le deuil ne finit pas. Louise est l'épouse inconsolable d'Alexandre, la belle soeur de Franck. Elle décide , sur un coup de tête, de venir voir son petit.

    Et puis , il y a les parents.Des fermiers, durs à la tâche, durs au chagrin, celui d'avoir perdu leur cadet et de ne pas avoir sû conserver leur aîné.Mais , dans le milieu, l'amour ne se dit pas.Il se montre avec un regard, un soupir, une attention rugueuse.La rancune est tenace, ils ne pardonnent pas aux voisins qu'ils rendent responsables du décès de leur fils.

    Et quand Franck débarque comme ça, sûr qu'il ne va pas tout chambouler dans leur vie comme si de rien n'était.Sa chambre,et bien c'est celle du petit, un bout de chou, de vie, de 5 ans, un feu follet qui a repris le flambeau de la ferme , comme si le prénom qu'on lui a choisi le prédestinait à aimer cet endroit.Alors lui, il devra se contenter du moulin..Ils reprennent avec Franck là où la conversation s'est arrêtée il y a 10 ans, sans chercher à avoir une explication. Cependant,  ils ne renoncent pas à leur voyage et s'en vont , laissant Franck, Louise et Alexandre faire connaissance, s'effaçant comme pour mieux donner une chance à la jeunesse de tout recommencer.

    Et c'est au milieu de la nature, à une saison où le soleil plombe et met de belles couleurs,fait surgir des senteurs que petit à petit Franck et Louise s'apprivoisent, se comprennent d'un geste, d'un mot, d'un sourire.Le petit, au milieu, fait le lien ,décoince Franck en lui apportant la fraicheur, l'enthousiasme qui l'ont quitté il y a si longtemps, renoue avec sa mère et lui donne la possibilité de regarder ailleurs que dans ses souvenirs.

    Il n'y a pas de happy end, il n'y a que des suppositions, des espoirs en ces deux là .A nous d'imaginer ce que l'on veut...

    Dans cette ambiance agricole et bucolique,j'ai cru me retrouver quelques vingtaines d'années en  arrière , la description de cette ferme correspondant à celle que j'ai connue, la manière d'etre des agriculteurs, leurs rituels parfaitement accordés à mes souvenirs.Bizarre sensation.

    C'est avec un langage simple, une alternance de personnages avant qu'ils ne se retrouvent, comme si , par ce procédé, Serge Joncour voulait insister sur la solitude affective et émotionnelle de ses personnages principaux avant de les réunir et faire jaillir la vie qu'ils ont mise de côté dans une région alourdie par le soleil et extremment sensuelle.

    Un petit bémol : J'aurais aimé que les parents ne soient pas éloignés définitivement,le don du petit peut être un peu plus développé car c'est une chose qui m'a un peu choquée , je dois le reconnaitre. Cela dit, c'est un tres beau roman , empli de délicatesse et d'amour.Interdit, impossible? Je vous en laisse juges.

     

                                                              

     


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  •  Après avoir lu La Frontière de ce même auteur (j'en ferai un jour la chronique ) j'ai eu un immense coup de coeur en découvrant Orphelins de sang.

    Policier, thriller? Il y a bien meurtres , enlevements et enquêtes mais là n'est pas l'objectif premier de Patrick Bard.C'est un grand cri d'alarme au monde entier (tout comme la Frontière en était un sur le Mexique)

    Nous sommes en 2021..Oui, vous avez bien lu et non, ce n'est pas un livre de SF. Une jeune fille s'auto mutile sentant que quelque chose ne va pas dans sa vie, mais quoi? Elle trouve des papiers qui lui font comprendre qu'elle a été adoptée.

    Nous sommes projetés en 2007, au Guatemala où nous découvrons un pays à feu et à sang, où en fin d'apres midi il vaut mieux rester chez soi, en particulier quand on est une femme et encore plus une femme avec un bébé.

    Hallucinés devant tant de violence , assassinat d'un chauffeur de bus, règlements de compte entre truands etc...nous découvrons un pompier ( très importants là bas au même titre que la police ) Victor Hugo Hueso dont le rêve est de devenir journaliste.Il a repris des études et quand il est alerté au sujet d'une jeune femme assassinée  et de son amie blessée dont le bébé a été enlevé, il pense qu'il tient là son papier.

    De fil en aiguille, il sera de plus en plus impliqué dans cette enquête, au péril même de sa vie,la peur toujours accrochée à son âme mais incapable de se détacher de cette enquête, par soif de justice , de convictions.Pour cela il est aidé par une association de femmes(des Mayas.Extinction, oppression de ce peuple?) qui lui expliquent les difficultés qu'elles rencontrent, la vie qu'elles mènent la peur au ventre , et la maman de cette petite enlevée.Il lui a promis de tout faire pour qu'elle retrouve son enfant.

    Parallèlement, nous suivons l'histoire d'un couple américain qui, ne pouvant avoir d'enfant,se résoud à adopter.Pour cela il recherche une association sérieuse. Bientôt l'occasion leur est donnée: Une petite fille est en recherche de parents. Ne se posant pas plus de questions que cela, ils font les démarches demandées.

    Il n'y a pas de suspense: Nous savons que la jeune fille déquilibrée du début du roman est cette petite fille adoptée, cette petite fille arrachée à sa maman au Guatemala.

    Le propos est de montrer cette traite d'être humains,en vue d'adoption ou de trafic pédophile.De dénoncer  la misère qui engendre la corruption, les gangs, la violence sous toutes ses formes dont ce trafic d'enfants.Patrick Bard le fait de manière romancée pour que son propos puisse etre lu et entendu à une plus grande échelle mais la force de son histoire et de son écriture nous interpelle bien plus qu'un documentaire.

    Le second volet de ce roman, la vie des parents americains, nous fait voir l'envers du décor. Dans leur envie d'enfant, ils refusent de voir la réalité et face aux preuves accablantes , prouvant que leur enfant n'est pas orpheline comme on leur avait dit , ils préfèrent de voiler la face et croire les propos rassurants des avocats de l'association. Une misère affective qui leur fait adopter une attitude qu'ils jugeraient sans doute scandaleuse si c'était quelqu'un d'autre. Peut on condamner ? par cet agissement , ils cautionnent ce qui se passe au Guatémala, oui, d'un autre côté , n'est pas pas une petite fille sauvée de cet enfer? 

    Par un hasard extraordinaire, je suis tombée sur un article dans une revue, Elle, je crois.J'ai pris en photo mais avec mon portable , la qualité n'est pas au top et surtout l'article est coupé en deux.

    Quand la réalité rejoint la fiction 

     

                                                  

    Ou encore cet article

     http://blogs.rue89.com/vu-de-visa/2011/09/05/gangs-des-maras-du-guatemala-ils-assassinent-pour-etre-aimes-220345

                                                    


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  • 16 Novembre 1930-22 Octobre 1986

     

     

    24 Octobre 2011

     


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  •                                                       

     Premier livre de S.Beckett (Beckett, Beckett,Kate Beckett , Nicki Hard, je m'égare) j'ai eu un vrai coup de coeur en le découvrant.

    Manham est un petit village perdu d'Angleterre , aux  terres marécageuses et boisées.On pourrait croire que c'est le synonyme de quiétude, d'endroit parfait pour tourner une page douloureuse et avancer dans la vie.

    David Hunter, ancien anthropologue et ancien médecin légiste à Londres, l'a cru aussi et c'est ainsi qu'il est devenu le médecin du village.Tout d'abord venu il y a trois ans, suite à un drame personnel, pour seconder le docteur Henri Maitland, victime d'un accident de la route qui l'a laissé en fauteuil roulant et a tué sa femme,il a fini par s'installer dans le village.

    Mais chacun sait que les endroits les plus petits peuvent recéler des dangers aussi grands que dans les villes , en tout cas Sally Palmer, une jeune femme , l'a vite compris en se retrouvant enlevée puis égorgée. Avant son chien.

    David se retrouve au front ,appelé pour aider les enfants qui ont découvert le cadavre puis demandé par l'inspecteur Mackenzie au courant de son ancien métier.Tout d'abord réticent à rechausser ses chaussons de médecin légiste, il finit par accepter pour en finir au plus vite avec cette tragédie qui secoue le village. Tragédie, vraiment? Oui, c'est bien dommage mais , elle n'était pas du coin, on ne la connaissait pas trop, elle restait chez elle...

    Et c'est là que le roman devient intéressant car à l'instar d'une Agatha Christie ou d'un Maigret , Simon Beckett nous conte les joies de ces petits villages bien tranquilles qui, au bout de 30 ans, considèrent toujours quelqu'un comme un étranger quand il n'y est pas né.

    La police et David n'ont pas le temps de souffler que le cadavre d'un jeune homme est découvert, mais celui là date d'une vingtaine d'années, et qu'une autre jeune femme disparait alors que la vie sentimentale de David semble, dans le même temps,  prendre une meilleure tournure avec Jenny, l'institutrice, une étrangère elle aussi, venue trouver la tranquillité suite à une agression.

    Cette fois, le doute n'est plus permis.L'assassin se trouve parmi les habitants du village.

    Animaux tués, mis sur le chemin des futures victimes, pièges, braconnage, descriptions des lieux et des habitants, tout contribue à créer une ambiance lourde, faite de tensions entre les villageois qui finissent par sombrer dans la paranoia. Des milices sont activées par le prêtre qui profite de ces crimes pour se faire connaitre un peu plus loin que son village au moyen des journalistes alertés par le second cas d'enlèvement.

    Simon Beckett nous invite aussi à des descriptions minutieuses et intéressantes des scènes de crimes et , si vous avez le coeur bien accroché ou l'intérêt intellectuel aiguisé,pupes, chrysalides, larves,taux de fer dans la terre et autre terme comme adipocire n'auront plus de secrets pour vous.

    L'emploi de la première personne du singulier donne un ton alerte au récit extrêmement bien construit,la psychologie des personnages principaux ou secondaires fouillée et c'est avec un grand plaisir que je n'ai pas pu découvrir le coupable! Simon Beckett est assez pervers pour nous faire aller de rebondissements en rebondissements , nous emmener dans une direction qui n'est pas tout à fait la bonne...

    Il signe là une première enquête de David Hunter, personnage très attachant.Deux autres lui succèdent 

     

                                                

    A suivre....

     

                                                         chez LILIBA (clic)


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  • Pour rebondir sur les derniers articles de Leoned , un peu de musique et de claquettes irlandaises.

    Et puis un des grands noms , une "gueule, un timbre de voix inoubliable,Ronnie Drew, décédé en 2008


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