•  Partagée, j'ai été partagée à la lecture du 6ème roman d'Anne Calife que je connaissais pas.

    Tout d'abord l'histoire. Celle d'une jeune auteure qui présente son premier livre au Salon du même nom.Là, elle y fait la rencontre ,très courte, pour ne pas dire furtive d'un journaliste venant lui aussi faire la promotion de son roman.Ils se parlent 1/2 heure, elle, complètement en apnée "Mes sens étaient tellement en alerte débordant de mon regard,mon ouïe, mon odorat, que je n'arrivais plus à analyser ce que je ressentais... devant cet homme plus âgé qu'elle "la peau fine et froissée comme une fleur fanée;autour de lui cette aura bleu-blond-gris, un peu méprisante, ordonnant distance-distance-tenez-vous-loin-de-moi-car-je-suis-important".Il lui donne son téléphone.Elle l'appelle pour pouvoir être encore être en contact avec lui mais c'est un entretien sur un ton bref et sec sans sourire ni intonation, d'ailleurs il n'a plus le temps.

    Il faut que je vous laisse , conclut il.

    En effet , il m'a abandonnée.Cela me fit l'effet d'un varech lamentablement échoué sur le sable

     Les échanges ne s'arrêtent pas là. Quelques autres appels renouvelant la même déception.Nous sommes au début d'internet et un jour le journaliste lui donne son adresse mail.

    Et là, ce sont des milliers de mails échangés entre eux dont nous ne connaitrons guère la teneur , du moins du coté masculin. 

    Anne Calife nous plonge dans le cerveau de cette jeune femme fragile émotionnellement, sans grands repères paternels. Son père, dans les années 70,était passionné par ce tout nouveau moyen de communication qu'est l'ordinateur et disparassait complètement derrière l'écran, abandonnant sa fille de 6 ans pour le monde virtuel.Donc, méfiance vis à vis d'Internet et des mails ..Mais voilà, c'est le seul moyen qu'elle a d'avoir des contacts avec cet homme qui la fascine.

    Elle, elle se livre, expliquant ses peurs et ses angoisses, se dénudant complètement devant Lui, cet homme qui lui répond quand il a le temps, avec des mots durs,blessants ,destabilisants. Quand elle réagit devant tant de méchancetés avec virulence, violence parfois selon ses termes, il sait la reconquérir en lui adressant des mots tendres, doux, des petits surnoms.En un mot il l'a manipule,la détruisant petit à petit. Syndrôme de Stockolm , la prison étant celle du virtuel, de l'écran derrière lequel n'importe qui peut se cacher.

    Jamais il n'acceptera un rendez vous , un échange yeux dans les yeux.Elle s'inclinera devant cette autre exigence, non sans mal certes mais elle s'inclinera.Le temps passe, les années, oui les années, s'écoulent, Elle murit semble t il ...

    Les chapitres du livre vont de A à O montrant l'évolution mentale progressive de cette jeune fille A Amorce, B Balle les mails envoyés étant comme des balles échangées, envoyer/recevoir....O Oeil, ouvrir les yeux.

    C'est un livre sur cette nouvelle forme de communication, d'addiction ,qui ouvre un abîme pour les personnes fragiles et solitaires déjà sur le fil du rasoir. Tout au long de ce court roman, je me suis dit qu'elle allait réagir, ne pas se laisser engloutir , détruire par cet homme qu'au fond elle ne connait pas, dont elle ne sait rien puisque jamais il ne dira la moindre chose personnelle.

    Qui est il cet homme? Qu'est ce qui le pousse à entretenir cette correspondance qu' il dit détruire à peine lue ? Est il lui même si seul qu'il ne peut s'en empêcher ? Est il si sadique, si peu sûr au fond de lui , qu'il a trouvé en cette jeune écrivaine une victime idéale puisque consentante même si parfois elle se rebelle? 

    Le livre finit presque comme il a commencé.Les mots sont quasiment les mêmes, à quelques nuances près mais d'une grande importance.Le style est sans concessions, interieur dévoilé, ressenti,bref, incisif, quasi clinique. 

    J'avoue l'avoir lu en deux fois , laissant quelques jours entre les deux lectures.J'éprouvais l'envie de savoir comment tout cela allait finir , je sentais que ce n'était pas un livre rose à offrir à la Saint Valentin comme l'était Quand souffle le vent du nord (et sa suite que je n'ai pas chroniquée) et en même temps je ressentais un malaise indéfinissable, partagée que j'étais de la secouer en lui disant de ne pas perdre son temps avec ce malade, que la vraie vie passait sans elle. Freud aurait sûrement été d'accord en disant qu'à travers cette relation elle recherchait l'attention du père, l'approbation ( elle lui a envoyé des manuscrits pour lui demander son avis , sachant qu'elle lui donnait là une excellente occasion de la briser, car quoi de plus fragile qu'un écrivain qui démarre un livre, son bébé ? Et bien entendu c'est ce qui est arrivé.)

    Quelques réflexions sur l'écriture aussi mais dans l'ensemble un livre lu sans grand plaisir,sans grand intérêt. Dommage.

    Merci aux Editions The Menthol House qui me l'a envoyé et à  grâce à qui j'ai pu faire la découverte de cette auteure.


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  • Je remonte cet article pour participer à un challenge organisé par PHILDES

     

                                         

    La contrainte du mois d'Octobre était de lire et chroniquer un livre dont le titre comporte un

     

                                         

    Ce livre a été un tel coup de coeur que je ne pouvais qu'y penser......

     

    Livre coup de coeur de ce début d'année 2011!!

     

    Avant de vous parler du livre ,de son histoire ,je vais d'abord faire une petite digression étymologique ..Pourquoi" Ballade"?

    A l'origine ,ce mot signifiait  une forme fixe lyrique au Moyen Age ...Avec le Romantisme il est revenu à la mode et avec l'influence anglo saxonne ,le mot" ballad ", proncé à la française,voit son sens s'élargir à un récit ou une chanson racontant la vie d'une personne ou des faits précis. Alors, à la lumière de ces explications, je comprends mieux le titre qui était plus pour moi évocateur de musique.(On ne se refait pas..)

     

    C'est en effet le récit d'une jeune femme que l'on découvre...C'est comme une longue lettre ,dont on ne connaitra le destinataire que bien plus tard ,qui part de sa petite enfance puis avance dans le temps au fur et à mesure qu'elle grandit pour arriver à l'âge adulte,moment de l'écriture de ces longues feuilles.


    Alors qui est cette Lila K ?

    C'est d'abord une enfant arrachée à sa mère un matin par des hommes casqués,tout en noir ,(qui ) ont défoncé la porte pour se ruer dans la chambre...(..) Elle (la maman) n'essayait plus de résister .Elle me regardait fixement.J'ai compris ce qu'elle voulait me dire.Au revoir mon bébé.Plusieurs fois elle a cligné des yeux.Chaque battement de paupières etait comme un baiser.Je t'aime.Je t'aime.Je t'aime.Et elle m'a souri derrière le baillon.

    Cette petite est alors emmenée dans un Centre(comprenez un orphelinat) pour la soigner ,la protéger..

    Et c'est là tout l'intérêt de ce livre qui se lit si facilement,avec une sorte de pression,là,au creux de l'estomac,car on découvre tout doucement dans quel monde nous sommes.

    Ville: Paris.Mais Paris dans un futur d'une centaine d'années.Dans une ville où il existe ce qu'on appelle la Zone,lieu de perdition,de laissés pour compte...Ville dans la ville ,coupée par un mur avec des check point pour canaliser les allées et venues de ceux qui habitent la Zone mais viennent à Paris pour diverses raisons ,sans pouvoir y séjourner longtemps.Par contre l'inverse est fortement déconseillé....

    Lila est une enfant repliée sur elle même,ne parlant pas,sachant à peine marcher alors qu'elle a 6 ans...Toute une rééducation est mise en place pour qu'elle progresse...Mais vers quel avenir?

    Elle fait la connaissance de M Kauffmann,directeur du Centre et spécialisé dans ce genre de traumatisme...Oui mais voilà...Il n'est pas comme tout le monde ce monsieur....Il est "différent", il ose penser autrement que tout le monde...Encore à peu près bien vu du Ministere auquel il appartient ,il essaye de montrer à Lila que la vie n'est pas faite que de cameras,de surveillance en tout genre ...Que les livres ont existé avant l'invention du grammaphone (Ipad du futur?) ,qu'ils existent encore....Que la vie est faite de rencontres, même si Lila est terrorisée par la foule,bourrée d'anxiolytiques pour pouvoir vivre...Elle a une technique à elle pour lutter contre les montées d'angoisse qui la paralysent....car  elle a compris que moins on prend  de medicaments mieux c'est..Encore plus dans ce monde là...

    Et puis surtout elle veut retrouver sa maman dont elle n'a pas oublié l'existence,savoir pourquoi elle lui a été arrachée ,pourquoi elle ne l'a jamais revue,pourquoi il y a autant de silence autour de ça....Elle doit pouvoir afffronter le monde extérieur pour  mener son enquete plus tard et pour ça elle accepte l'aide de Monsieur Kauffmann qui lui joue du violoncelle,la gave de culture ,même latine et grecque,tout en la conduisant doucement mais surement vers l'émancipation....

    Mais ses méthodes et sa façon d'etre  ne sont pas au goût du gouvernement actuel....Exit Monsieur Kauffmann et je dirai même de façon définitive...


    Après Monsieur Kauffamnn elle fera la connaissance de Fernand,sa femme Lucienne qui aura un jour l'autorisation d'avoir un enfant ,et de leur chat Pacha un Abyssin génétiquement modifié et dont la fourrure et les yeux passent par diverses couleurs....


    Lila entrera dans la vie réelle,dans le monde du travail (à la Bibliothèque ,où son travail consistera à numériser les livres qui arrivent de la Zone....) Elle en profitera pour se faire aider dans sa recherche de sa mère par un employé Justinien,qui n'est pas ce qu'il semble être....(.je vous allèche là? ) puis par son patron,un remplaçant en quelque sorte de Monsieur Kauffmann ....


    J'arrête là de vous raconter l'histoire ,je ne vous ai d'ailleurs dit que le quart de la moitié des choses importantes.

    Simplement ..Oui c'est un livre dit d'anticipation puisqu'il se passe dans le futur...Mais c'est un futur relativement proche et certaines choses existent déjà (comme l'analyse d'urine pour déceler les maladies éventuelles..si si...j'ai vu un reportage là dessus! ce n'est pas de la science fiction!! Au Japon certains sont déjà équipés de ce genre de petite chose....).

    La numérisation des livres existe...Un bien? oui si c'est pour sauver les ouvrages des outrages du temps...mais imaginez le même procédé dans un Etat totalitaire...Qu'en ferait il? Une partie de la réponse se trouve dans ce magnifique livre,ce bouleversant roman qu'est la ballade de Lila K.(je ne vous ai pas donné non plus l'explication à ce nom pour le moins court....)


    J'ai découvert ce livre sur un blog mais pas moyen de remettre la main dessus....Alors si tu passes par là..fais moi signe !!

     

    Quelques extraits

     

    Il s'est mis à me réciter des poèmes,chaque matin.Toutes sortes de vers,libres ou réguliers-il n'était pas sectaire.Je devais fermer les yeux-M.Kauffmann assurait qu'on entend mieux les yeux fermés .Lorqu'il avait fini,je lui disais souvent

    -je n'ai pas tout compris

    -Encore heureux ,fillette!Allez maintenant tu m'apprends ça par coeur.

    Je ne voyais pas trop l'intérêt,mais Monsieur Kauffmnn avait l'air d'y tenir: On ne sait jamais ,cela pourrait servir à l'occasion.Alors j'obéissais :chaque jour ,j'apprenais un poème ,parfois deux.Ça ne me demandait aucun effort.Je retenais sans peine.J'ai toujours été spongieuse.

     

    J'ai soudain vu le livre s'ouvrir entre ses mains,éclater en feuillets ,minces,souples et mobiles.Cétait comme une fleur brutalement éclose ,un oiseau qui déploie ses ailes.

     

    Ça ne peut pas s'effacer?

    Non,c'est inamovible.Indélébile.Là réside tout l'intérêt :Avec le livre,tu possèdes le texte.Tu le possèdes vraiment.Il reste avec toi sans que personne ne puisse le modifier à ton insu.Par les temps qui courent,ce n'est pas un mince avantage ,crois moi, a t il ajouté à voix basse .Ex libris veritas ,fillette .La vérité sort des livres.Souviens toi de ça:Ex libris veritas

     

    On passe sa vie à construire des barrières au delà desquelles on s'interdit d'aller:derrière ,il y a tous les monstres que l'on s'est créés.On les croit terribles,invincibles,mais ce n'est pas vrai.Dès qu'on trouve le courage de les affronter ,ils se révèlent bien plus faibles qu'on ne l'imaginait.Ils perdent consistance ,s'évaporent peu à peu.Au point qu'on se demande parfois ,pour finir,s'ils existaient vraiment.


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  •  Un nouveau Gaudé, LE nouveau Gaudé! Pas question d'attendre quelques mois pour le découvrir.D'autant qu'il traite d'un sujet cher à mon coeur, l'Antiquité et Alexandre le Grand.

    Au cours d'un banquet ressemblant, comme il était  coutume, aux  orgies romaines, Alexandre s'effondre.Le Roi se meurt...Il demande après Drypteis, femme de son meilleur ami Hephaiston, décédé, et fille de Darius le Perse , cloitrée dans un monastère  afin d'échapper aux complots et trahisons de toutes sortes, monnaies courantes à la cour. Elle n 'a jamais d'ailleurs annoncé la naissance de son fils afin de le protéger. Elle va devoir se résigner à entreprendre le voyage pour se rendre auprès d'Alexandre.

    Parallèlement, une chevauchée fantastique démarre.C'est Ericléops, messager provenant des confins de l'Indus qui arrive, porteur d'un message pour Alexandre. Avec Gaudé, rien n'est simple et cet Ericleops n'échappe pas à la règle: il revient d'entre les morts et demande à celui qui va bientôt franchir l'Achéron de l'attendre.

    Alexandre n'est pas encore mort que ses lieutenants,Ptolémée, Perdicas,Leonatos ou encore Tarkilias se déchirent l'Empire.

    Au final, il n'y a que quelques personnes fidèles à Alexandre,deux femmes, la sienne et celle de son meilleur ami.Très peu pour un homme si puissant. Gloire dérisoire au soir de sa vie.

    Cortège de pleureuses, cortège organisé traversant avec la dépouille d'Alexandre l'Empire qu'il a construit afin d'être rendu à sa mère. Drypteis doit faire attention, sa vie est menacée, elle doit se séparer de son fils et le faire adopter dans le plus grand secret afin qu'il ne devienne pas la cible d'un des pretendants à la succession.

    Avec Gaudé, c'est un éblouissement de mots ciselés avec un style qui n'appartient qu'à lui qui fait que je me suis laissée emporter dans ce cortège éploré. La mort, sujet récurrent. On pense à la Mort du Roi Tsongor, à la porte des Enfers, Cris pour ne citer qu'eux.

    Le fantastique dont nourrit Laurent Gaudé ses romans apporte une dimension onirique à ses écrits et pour" Pour seul cortège " donne un souffle épique, rejoignant ainsi la tragédie antique.Il ne decrit pas de paysages, se concentrant uniquement sur les hommes, leur moi,leurs peurs et leurs ambitions, leurs desseins les plus noirs.C'est une écriture qui prend aux tripes dans son urgence, celle du cavalier (qui m'a rappelé par son rythme le Roi des Aulnes ) ou dans sa lenteur , au pas de ceux qui escortent le corps, craignant (à juste titre) pour leur vie.

    Ce n'est peut être pas "mon" Gaudé préféré, un je ne sais quoi indéfinissable m'empêche de le considérer comme tel.Peut être pas assez de détails de la vie antique pour donner encore plus de densité à la narration? Peut être aussi que je deviens un peu trop difficile, à moins que je n'aie envie que Gaudé se mette en danger et change un peu son écriture. Cela dit, que ça ne vous emêche nullement de lire ce livre qui vous entrainera dans de lointaines contrées dans un style éblouissant.

     

     


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  •  Huitième livre de Serge Joncour et moi, je le découvre. C'est la phrase qui est inscrite sur la couverture qui m'a incitée à lire ce roman qui fait partie de la Rentrée littéraire.Et j'ai bien fait.

    Avec un style sans effet de manches Serge Joncour nous raconte des histoires d'amour.Pas qu'une seule.

    Tout d'abord celle de Franck, parti à la ville , caméra au poing pour traquer le reportage.Il ne se sentait pas chez lui dans cette ferme du Lot.Il n'avait plus rien à dire à ses parents, n'avait  pas le goût de reprendre l'exploitation.Et d'ailleurs, c'est son jeune frère Alexandre, le préféré, qui était là pour cela.Franck n'est revenu à la ferme que dix ans plus tôt pour son enterrement.Il y a croisé la jeune épouse, croisé mais pas parlé car très vite reparti pour ailleurs.

    Oui mais la vie est bizarre car le voilà maintenant qui tente d'appeler ses parents.Pas de réponse alors, sur un coup de tête, il décide de retourner sur la terre de son enfance.

    C'est au tour, maintenant de Louise.Louise qui vit en ville, elle aussi, pour tenter de noyer son chagrin, lui échapper dans les vapeurs d'essence , le tourbillon , les amants de passage, d'un amant qui s'accroche sans qu'elle sache pourquoi. Celui là, il lui a fait un joli cadeau, il y a 5 ans.. Un petit bout d'homme , qu'elle a nommé Alexandre et amené à la ferme du Lot pour qu'il y vive comme une résurrection du fils tant aimé et dont le deuil ne finit pas. Louise est l'épouse inconsolable d'Alexandre, la belle soeur de Franck. Elle décide , sur un coup de tête, de venir voir son petit.

    Et puis , il y a les parents.Des fermiers, durs à la tâche, durs au chagrin, celui d'avoir perdu leur cadet et de ne pas avoir sû conserver leur aîné.Mais , dans le milieu, l'amour ne se dit pas.Il se montre avec un regard, un soupir, une attention rugueuse.La rancune est tenace, ils ne pardonnent pas aux voisins qu'ils rendent responsables du décès de leur fils.

    Et quand Franck débarque comme ça, sûr qu'il ne va pas tout chambouler dans leur vie comme si de rien n'était.Sa chambre,et bien c'est celle du petit, un bout de chou, de vie, de 5 ans, un feu follet qui a repris le flambeau de la ferme , comme si le prénom qu'on lui a choisi le prédestinait à aimer cet endroit.Alors lui, il devra se contenter du moulin..Ils reprennent avec Franck là où la conversation s'est arrêtée il y a 10 ans, sans chercher à avoir une explication. Cependant,  ils ne renoncent pas à leur voyage et s'en vont , laissant Franck, Louise et Alexandre faire connaissance, s'effaçant comme pour mieux donner une chance à la jeunesse de tout recommencer.

    Et c'est au milieu de la nature, à une saison où le soleil plombe et met de belles couleurs,fait surgir des senteurs que petit à petit Franck et Louise s'apprivoisent, se comprennent d'un geste, d'un mot, d'un sourire.Le petit, au milieu, fait le lien ,décoince Franck en lui apportant la fraicheur, l'enthousiasme qui l'ont quitté il y a si longtemps, renoue avec sa mère et lui donne la possibilité de regarder ailleurs que dans ses souvenirs.

    Il n'y a pas de happy end, il n'y a que des suppositions, des espoirs en ces deux là .A nous d'imaginer ce que l'on veut...

    Dans cette ambiance agricole et bucolique,j'ai cru me retrouver quelques vingtaines d'années en  arrière , la description de cette ferme correspondant à celle que j'ai connue, la manière d'etre des agriculteurs, leurs rituels parfaitement accordés à mes souvenirs.Bizarre sensation.

    C'est avec un langage simple, une alternance de personnages avant qu'ils ne se retrouvent, comme si , par ce procédé, Serge Joncour voulait insister sur la solitude affective et émotionnelle de ses personnages principaux avant de les réunir et faire jaillir la vie qu'ils ont mise de côté dans une région alourdie par le soleil et extremment sensuelle.

    Un petit bémol : J'aurais aimé que les parents ne soient pas éloignés définitivement,le don du petit peut être un peu plus développé car c'est une chose qui m'a un peu choquée , je dois le reconnaitre. Cela dit, c'est un tres beau roman , empli de délicatesse et d'amour.Interdit, impossible? Je vous en laisse juges.

     

                                                              

     


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  •  Qu'est ce qui fait courir le monde? Qu'est ce qui est le centre d'interêt principal, qui peut précipiter les plus zen d'entre nous sur le divan d'un psychiatre? Mais l'Amour, pardi! 

    Sur les conseils d'une amie, je me suis plongée dans ce roman d'Alexandre Jardin dont je n'avais lu, jusque là et il y a bien longtemps, que "Fanfan".

    Jeremy Cigogne, lord Anglais , est amoureux de sa femme Emily.Mariés depuis 7 ans ,  trois enfants. Son grand père, Lord Waldo Philby , l'a élevé à la mort de ses parents. Personne fantasque il aurait inspiré le personnage de Lord Greystoke...

    "Lord Philby fit placer les animaux en liberté dans le parc de son château de famille du Gloucestershire, et il eut assez de malice pour les remplacer par des hommes qui vinrent peupler les cages de son zoo. Issu de la jungle, Waldo avait la démangeaison de railler les moeurs anglaises. La cage qui connut le succès le plus vif fut celle dans laquelle un homme et une femme étaient condamnés à vivre ensemble".

    Quand il a rencontré Emily ,âgée de 17 ans à l'époque, il a ressenti un véritable coup de foudre pour elle, hélas non partagé malgré tous ses efforts pour lui plaire.(Je ne vous dirai pas lesquels mais évidemment attendez vous à quelque chose de peu commun..) Bien décidé à la conquérir,il part14 ans pour parfaire son éducation: Il s'exile 7 années en Nouvelle Guinée pour "quitter ses reflexes acquis(?) , se laver de son éducation britannique, renouer avec ses gestes d'enfant élevé au milieu des animaux de l'Imperial Zoo.Jamais peut être il ne fut plus heureux et plus vrai que nu dans cette jungle hostile, au plus près de ses instincts."

    Puis il passe 7 ans à lire.Tout ce qui lui tombe sous la main, "enfermé dans l'une des plus grandes bibliothèques privées d'Europe, près de Zurich".

    De toutes ces années de préparation, il revient "irrésistible. A 31 ans, Jeremy Cigogne n'était pas devenu beau , mais son étrangeté était inéressante, magnétique; il suscitait l'envie de lui plaire, savait faire naitre cette necessité là."

    Après quelques péripéties que je vous passe mais néanmoins très importantes, Jeremy et Emily finissent donc par se marier...

    Nous voilà maintenant 7 ans plus tard, au moment où Jeremy se demande comment être un mari plutôt qu'un amant pour sa femme .Il a surpris une correspondance dans laquelle Emily semblait ne pas être totalement heureuse.

    Il découvre qu'il existe un endroit secret où le seul souci des insulaires est de rendre heureux leur conjoint:"l'île des gauchers" Là bas, tout est fait pour les gauchers, les droitiers cependant acceptés à condition qu'ils se plient à tout ce qui rend la condition des gauchers plus aisée.

    En route pour ce paradis des amours avec sa famille et leur majordome aussi Anglais que possible, Algernon.Là, ils découvriront les us et coutumes de ces utopistes Français qui ont fondé cette communauté, l'île du silence, celle de la Vérité, le carnaval des blancs etc...où tout n'est basé que sur une seule préoccupation sociale et politique : rendre heureux, savoir aimer sa femme ou son mari.

    J'ai adoré ce livre qui pas un instant ne lasse.Toutes les facettes de l'amour sont décortiquées une à une ,étudiées.On suit les évolutions , les questionnements de ce Lord pas comme les autres dans sa tentative d'aimer au sens réel du terme sa femme.Tout autant de remises en questions que nous sommes amenés , nous lecteurs, à faire...Reflexions sur nous mêmes...

    Fable philosophique , récit initiatique dans lequel A Jardin mêle une grande culture.Par exemple, la symboliqu du chiffre 7 ,  Algernon qui est  le nom de la souris dans " Des fleurs pour Algernon " de David Keynes, Waldo , prénom du héros de la nouvelle éponyme de Robert Heinlein , auteur de romans de science fiction.

    Lequel Robert Heinlein a cette définition de l'amour, tirée du "Chat passe muraille"

    "un état subjectif dans lequel le bien-être et le bonheur d'un autre être sont essentiels au bonheur de l'individu."

    Troublant, non? 

    Sans parler des auteurs Français cités, qui ornent le nom des rues de cette île ou encore des clins d'oeil à sa propre oeuvre, le Zèbre et le Zubial...Ah!! Ce Zubial , animal au pelage tres doux et rayé , une sorte de croisement entre le koala, un tapir, un zèbre et un gibbon. Muni de bras interminables, il possédait un museau très long,prodigieusement mobile, qui amusait les enfants , tout comme ses grandes oreilles qui se dressaient au moindre bruit(....) C'est le seul animal qui rit de bon coeur"  qu'il faut aller chercher dans la jungle ,apprivoiser pour le ramener dans le foyer où il deviendra le baromêtre de l'état du couple et particulièrement celui de la femme...

    Je ne peux que vous inciter à lire ce superbe livre qui vous plonge avec bonheur dans un monde utopiste, plein de fantaisies sous lesquelles se cachent peut être, sans doute , des réponses à la question essentielle de notre existence: Comment aimer, aimer pour rendre le plus possible heureux l'autre? Un livre qui se lit et se relit pour y découvrir des trésors de sagesse non perçus à la 1ere lecture. Un livre léger et subtil,au style impeccable, où l'humour très anglais nous réjouit.

    Une critique de notre société trop occupée à gagner de l'argent, à privilegier l'élévation dans l'échelle sociale. 

    A mettre dans les mains de la femme mais aussi de son mari ....pour ensuite en discuter.............

     


     

     

     


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